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Photo du rédacteurErick

SERIE : LES ERREURS A NE PAS FAIRE QUAND ON EST ARRANGEUR/REALISATEUR



ERREUR


6 : Ne pas se donner de contrainte de temps


J'ai mis cette erreur en 6ème position.

C'est un peu une synthèse des 5 autres.

On a vu ...


1 Qu'il faut savoir baisser son niveau d'exigence quand il est injustifié et exagéré.

2 Que pour autant, il ne faut pas se contenter de faire du prêt-à-porter musical.

3 Qu'il ne faut jamais oublier la mélodie.

4 Qu'il ne faut pas attendre le mix pour sélectionner ses options.

5 Enfin que ça ne sert à rien d'aller au bout d'une production, si c'est mal engagé.


Je voudrais finir avec une autre idée délétère, qui consiste à:


6 Ne pas se donner de contrainte de temps lorsqu'on commence une création.


Une contrainte de temps pour terminer le travail bien sûr.


Explication...

Cette contrainte, qui consiste à borner le temps que l'on va se donner pour arriver au bout de la production va pouvoir résoudre certains problèmes.

On pourrait pourtant, être tenté de croire que travailler sous contrainte, empêche le processus créatif d'arriver à son terme.


On peut aussi se donner comme excuse (foireuse, le plus souvent) que chacun crée à son rythme, et que se presser ajoute un stress qui bloque toute tentative d'aller plus loin, alors que tout le monde n'a pas le même rythme.


C'est bien sûr extrêmement malhonnête comme analyse, car je n'ai pas dit que tout le monde devait avoir le même temps de création.


Pour autant, rappelons-nous qu'il n'y a pas si longtemps, la musique s'enregistrait uniquement dans des studios, souvent fort onéreux pour la production, et que le temps était limité pour tous les artistes, quel que soit leur rythme créatif.

Et ça n'a pas empêché les gens de faire des tubes immenses.


Moi je ne dis pas qu'il faut un temps court, je dis qu'il faut une dead line. Une date fatidique où il faut rendre sa copie.


Je disais plus tôt que le développement des homes studios, avec toute la liberté que ça offre, a aussi donné du temps gratuit pour se perdre...



Faire, refaire, procratisner, prendre son temps, ajuster, fignoler, etc.



C'est bon pour un amateur, un retraité, un vacancier, un héritier... Pas pour un professionnel.


N'importe quel être humain normal, qui travaille dans une entreprise, ou dirige la sienne, sait que la qualité de son travail est aussi assortie d'un devoir de rendement.


Faut bien faire le job, encore faut-il aussi le rendre dans les temps.


Kodak était une entreprise leader sur le marché de la photo analogique. Ils ont littéralement inventé l'appareil photo. Ils ont pris le temps de bien peaufiner la qualité des pellicules, pour avoir le meilleur grain de rendu sur la photo argentique.


Leader pendant des décennies, Ils ont juste oublié un moment que le monde était passé au digital.

Et ils sont passé de 80 000 employés dans les années 60 à ... zéro. Ils ont fini rachetés par des asiatiques.




Or, quand on travaille à la maison, seul le plus souvent, et que l'on a pas forcément une commande à faire, un débouché certain sur la production que l'on entreprend, le danger de prendre trop son temps est réel.


Si l'on n'y prend pas garde...


Parce que, quand on aime ça, le studio, c'est une drogue.


Je connais des gens qui on commencé leur 1er album à 20 ans. Ils vont bientôt le finir, la semaine prochaine, pour fêter leurs 40 ans.

Ils ont beaucoup refait, bien sûr, car la mode a changé entre temps, ils avaient peur que ça fasse vieillot.

Mais c'est eux qui sont devenus vieillots ! Et on peut pas refaire ça. Même avec de la chirurgie.


Sans aller dans les extrêmes, on peut facilement perdre quelques mois, un an, et rater des opportunités de vendre sa musique, à un moment propice, parce qu'on s'estime pas prêt, parce que qu'on prend trop de temps à fignoler, ou, plus vraisemblablement, parce qu'on retarde le moment où il faut affronter le regard des autres.


Le moment où, votre création finie, il va falloir endosser le costume de VRP pour aller la vendre.


Parce que, sauf exception, le créateur, dans son immense majorité, est un créateur de l'ombre, à l'aise entouré de ses machines et de son piano ou sa guitare, devant sa console ou sa station de travail, avec personne pour lui casser les pieds.



Mais aller faire le show, taper les portes, se mettre en scène, c'est souvent plus compliqué.

Sauf si on s'appelle Mick Jagger. Et que l'on aime la lumière, et que l'on aime faire le VRP.


Mais si on n'est pas Mick Jagger, on peut quand même réfléchir et prendre exemple sur la philosophie de travail qui habitait les groupes de cette époque en général.

Ils faisaient des albums à la chaine, plutôt rapidement, pour 2 raisons...


La 1ère, on en a déjà parlé, c'est la contrainte de budget due au coût des studios.


La 2ème, c'est qu'ils avaient compris que la musique populaire est la photo d'un instant présent, calée sur une époque précise, actuelle, et que le devoir de pérennité n'était qu'une entrave foireuse, puisque le futur n'existait pas, seul le présent comptait.


Alors on enregistrait avec un son pourri quelquefois, on laissait passer des fausse notes, mais on se concentrait sur la spontanéité, et jamais on ne revenait sur la qualité d'un enregistrement après coup.


Je ne dis pas qu'il faut forcément laisser passer des fausses notes, et avoir un son médiocre, je dis qu'il faut se donner une dead line pour aller à l'essentiel. Prendre le temps. Le bon temps. La bonne mesure. Comme dans la vie normale, dans le commerce, avec des délais à rendre.

Et passer à autre chose. Ensuite. Sans regrets.


Mieux vaut prendre le temps de se balader, que de se faire balader par le temps.

Qui, je le rappelle, au cas où on aurait oublié, ne revient pas.


Faire les choses bien, oui, bien sûr. Mais un peu de stress pour finir dans un délai donné, c'est bien aussi. pas le temps de se perdre, aller aux choses essentielles...


Ca marche pour le jardinage, la plomberie, la philosophie... Pour la musique aussi...

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